J'ai visité le Struthof quand j'avais 17 ans, en compagnie de mon père qui avait bien sûr vécu -et de quelle manière !- cette période, sans doute celle où les hommes se sont le plus haïs.
On ne peut pas ressortir de là sans éprouver un profond dégout, et mesurer à quel point l'Homme peut être cruel, fragile, solitaire, exécrable.
Visiter de tels lieux, c'est rendre hommage à ceux qui y sont passés, et perpétuer un nécessaire devoir de mémoire. Cela ne doit en rien attiser la haine des Allemands, mais doit nous faire haïr à jamais le totalitarisme et la barbarie qu'il engendre, quelque soit l'endroit du monde où il règne.
Sans aucune espèce de considération politicienne, cette question que tu poses doit aussi nous amener à ne pas oublier que les mots ont un sens, et qu'on ne peut pas, par simple décence, les employer à tort et à travers.
Ainsi, quand je lis ici ou là que la France est devenue -en deux mois- une dictature ou un régime totalitaire, je m'interroge sur le sens que leurs auteurs veulent donner à ces mots.
Quand un abruti met le feu à une poubelle et la jette contre la maison d'un iman, et que celui-ci se précipite vers les micros pour dénoncer la barbarie, je m'interroge sur le sens que son auteur veut donner à ce mot.
La dictature, l'arbitraire, le mépris de l'Homme et la barbarie ont laissé des traces tangibles : Respectons donc ces lieux pour ce qu'ils sont, c'est à dire les témoignages de ceux qui ne peuvent plus témoigner.
Quand je lis toutes les réponses qui précèdent la mienne, et que je vois des pouces en bas, je me dis que la bêtise brute qui a présidé à l'avènement d'Hitler n'a pas dû être très différente de celle-là.
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